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Mishtik : Un projet d’hébergement par et pour les Premières Nations à Roberval
La pénurie de logements dans les communautés des Premières Nations est un fait bien connu depuis longtemps. Cependant, on parle moins souvent de cet enjeu en milieu urbain. Pourtant, le manque d’habitations dans les différentes communautés a souvent comme conséquence que plusieurs membres des Premières Nations se retrouvent en ville pour chercher un logement. La pénurie de logements abordables dans plusieurs régions, en plus de la discrimination à laquelle doivent souvent faire face les membres des Premières Nations de la part des propriétaires, rend cette recherche très difficile.
C’est le cas à Roberval, au Lac-Saint-Jean, où la population autochtone représentait 10 % de la population totale en 2016. Plus de la moitié de cette population est âgée de moins de 30 ans et la composition des ménages est souvent nombreuse, ce qui vient diminuer encore plus le nombre de logements accessibles, puisque la majorité de ceux sur le marché n’ont pas plus de deux chambres.
Un milieu de vie culturellement sécurisant
C’est de ce constat qu’est né le projet « Mishtik », qui signifie « arbre » en innu et en atikamekw. Il s’agit d’un immeuble qui offrirait 24 unités de logements abordables adaptées à la réalité des familles des Premières Nations. Près de la totalité des unités disponibles disposeraient de trois chambres et plus. Plus qu’un simple projet de logements, Mishtik veut offrir un milieu de vie culturellement sécurisant pour les membres des Premières Nations. On prévoit, entre autres, y aménager un espace communautaire pour répondre aux besoins de ceux-ci de se rassembler et de s’impliquer dans des activités communautaires.
Le projet est porté par la Corporation de Développement des Premiers Peuples, laquelle a été créée par le Centre d’amitié autochtone du Lac-Saint-Jean (CAALSJ), en partenariat avec le Conseil de la Nation Atikamekw et le Centre d’amitié autochtone de Saguenay. On estime que l’immeuble sera prêt à accueillir ses premiers locataires à l’été 2022.
L’escalade pour rapprocher les peuples
Loin de vouloir créer un « ghetto » autochtone, Mishtik vise également à favoriser le rapprochement entre les peuples. C’est dans cet esprit que le CAALSJ souhaite y développer un centre d’escalade dans l’espace commun. Ce projet d’économie sociale, en plus de générer des revenus autonomes qui seront réinvestis dans l’amélioration de la qualité de vie des membres des Premières Nations à Roberval, vise à favoriser les rapprochements entre Autochtones et non-Autochtones à travers la pratique d’un sport qui est en pleine effervescence au Québec.
Un récent sondage préparé par le CAALSJ dans le cadre de leur étude de marché est venu confirmer l’engouement pour l’escalade dans la région : près de 90 % des répondants ayant déjà pratiqué l’escalade se sont dits intéressés à fréquenter un éventuel centre d’escalade à Roberval. Il faut dire que, présentement, les résidents de Roberval doivent faire plus d’une heure de voiture pour avoir accès à des installations adéquates. Même constat chez les répondants n’ayant jamais pratiqué l’escalade : 98 % d’entre eux se sont dits intéressés à essayer ce sport. Selon Jean-François Gill, instructeur d’escalade innu impliqué dans le développement du projet, les installations proposées n’auront rien à envier aux centres d’escalades présents dans les grands centres comme Québec et Montréal. « Notre objectif est vraiment de rassembler le plus de gens possible autour de la pratique de ce sport, autant les grimpeurs aguerris que les débutants, qu’ils soient Autochtones ou non-Autochtones ».
Pour en savoir plus sur le Centre d’amitié autochtone du Lac-Saint-Jean (CAALSJ), rendez-vous sur sa page Facebook.
Pour découvrir d’autres projets et initiatives en vue de soutenir les membres des Premières Nations, nous vous invitons à visiter notre section soutien communautaire.