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Catégorie: Entrepreneuriat féminin

De la vente de t-shirts à l’industrie de la construction : Portrait d’une entrepreneure inspirante

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Victoria LaBillois, une Mi’gmaq originaire de la communauté de Listuguj, a l’esprit entrepreneurial! Cette entrepreneure adore les défis et créer de nouvelles entreprises, selon les opportunités qui se présentent à elle. Nous vous présentons le portrait de cette entrepreneure inspirante.

Portrait Victoria LaBillois
Victoria LaBillois, entrepreneure Mi’gmaq.

Au début des années 1990, Victoria habitait à Ottawa et participait à différents pow-wow des environs, où elle achetait des boucles d’oreilles, des bracelets, des t-shirts, etc. Elle s’est alors dit qu’elle aussi pourrait faire de même, car cela semblait plaisant et facile. Elle a donc fait créer un logo par un graphiste et a ensuite investi 500 $ pour le faire imprimer sur des t-shirts, qu’elle a ensuite vendus pendant des pow-wow. Cette première expérience entrepreneuriale lui a permis d’en apprendre beaucoup sur les affaires, parfois de façon assez dure, mais ces apprentissages lui servent encore aujourd’hui.

Quelques années plus tard, elle a déménagé d’Ottawa pour retourner habiter à Listuguj. C’est à ce moment qu’elle a constaté que sa communauté n’était en quelque sorte qu’une observatrice dans sa région, qu’elle ne prenait pas activement part à son économie, ce qu’elle déplorait. Pour elle, les Mi’gmaq se devaient d’être impliqués économiquement dans ce qui se passait aux alentours, dans les projets futurs, etc. C’est ce qui l’a poussée à retourner sur les bancs d’école, plus précisément à l’Université du Nouveau-Brunswick, de laquelle elle a obtenu un diplôme de maîtrise en administration des affaires (MBA). Son diplôme en poche, elle est retournée à Listuguj, où elle s’est mise à la recherche d’un immeuble d’habitation à vendre, histoire d’investir son argent dans l’immobilier et de le faire profiter. Comme elle habite sur communauté, la plupart des programmes de financement disponibles ne s’appliquaient pas à elle, donc elle a eu à verser une importante mise de fonds au moment d’acheter l’immeuble. Pour arriver à joindre les deux bouts, elle a eu à travailler encore plus fort.

Vers 2004, alors qu’elle animait un atelier à Ottawa, elle a vu une magnifique bourse. Au moment où elle s’en achetait une, elle a appris que personne ne vendait ces bourses dans un rayon de 500 miles. Comme cette idée avait du potentiel, elle a donc investi 5 000 $ pour acheter un inventaire de bourses. Elle se retrouvait donc à travailler à temps plein pour être en mesure de payer son immeuble et elle avait en plus des bourses à vendre, ce qu’elle a fait pendant environ 18 mois, en plus de vendre des portefeuilles, des sacs de voyage, etc. Ses ventes, combinées à son emploi, lui ont ainsi permis d’économiser assez d’argent pour son immeuble.

Prochain défi : l’industrie de la construction

Pour Victoria, le défi suivant était de taille, puisqu’il était dans un tout autre secteur d’activité : l’industrie de la construction. En 2008, l’industrie éolienne était en plein essor en Gaspésie. Victoria voulait que les membres de sa communauté puissent profiter de cette opportunité économique et bien qu’à ce moment, elle ne connaissait rien de cette industrie, elle voulait en faire partie. Elle s’est donc négocié une visite dans un parc éolien situé à Carleton et une fois sur place, elle a porté attention à tout, les forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces, l’équipement nécessaire, le contrôle de la poussière, etc. Elle a aussi analysé quelles étaient les opportunités d’affaires à saisir dans cette industrie et fournir des opportunités de travail significatives à la main-d’œuvre mi’gmaq. Sur la base de ces informations, elle a décidé de créer une entreprise d’excavation, Wejipeg Excavation, dont la machinerie pourrait travailler sur les chantiers éoliens. À ce moment, elle ne connaissait même pas la différence entre une chargeuse, une niveleuse et une excavatrice, mais son nouvel objectif était de posséder une entreprise d’excavation. Pour visualiser son objectif, elle a écrit sur un post-it « Créer une entreprise d’excavation pour travailler dans les parcs éoliens ».

Aux environs du mois de janvier 2011, elle travaillait encore à temps plein et en se levant le matin, elle a jeté un coup d’œil à son post-it et c’est là qu’elle a commencé à écrire son plan d’affaires. Elle a fait des recherches et elle a lu tout ce qu’elle pouvait lire sur cette industrie. Elle travaillait le jour et elle écrivait son plan d’affaires la nuit. Au total, elle a travaillé pendant trois mois à la rédaction de son plan d’affaires. Au mois d’avril 2011, sa première excavatrice entrait en opération dans un parc éolien, un jour dont elle se souvient encore, car elle était tellement fière! À la fin de cette première saison, son entreprise opérait trois machines sur trois chantiers différents. À ce moment, il y avait un « boom » dans l’industrie de la construction de la Gaspésie. Dans les premières années, elle louait sa machinerie à une entreprise et elle avait encore des choses à apprendre dans cette industrie, notamment comment prévoir un calendrier de maintenance, comment avoir un bon retour sur l’investissement, comment louer les services d’un employé, etc. C’était tout un défi, mais comme Victoria le dit si bien, rien n’est impossible quand on fait ses devoirs! Des opportunités de contrats se présentaient, mais son entreprise était encore trop petite pour soumissionner. Elle a donc rencontré d’autres entrepreneurs avec qui elle a créé une coentreprise, Wejuseg Construction, ce qui lui a permis de pouvoir soumissionner sur ces contrats. Victoria tient à le répéter : l’objectif de tout son travail n’est pas de créer un empire, mais de créer des emplois pour les travailleurs mi’gmaq, ce qu’elle réussit à faire avec brio!

Un retour à ses débuts

Alors que le cycle « éolien » de la Gaspésie commençait à tirer à sa fin, Victoria s’est mise à la recherche d’un nouveau défi. Elle a commencé à analyser toutes les entreprises en ligne vendant des t-shirts et de l’artisanat autochtone et elle s’est dit « Je peux faire ça moi aussi! » Elle a donc lancé une entreprise en ligne appelée Rezmopolitan, qui utilise les médias sociaux pour vendre des t-shirts. Elle cherche maintenant à exporter ses produits, histoire de pouvoir connecter avec les Autochtones de partout dans le monde. Rezmopolitan est en ligne depuis environ un an.

Les conseils de Victoria aux nouveaux entrepreneurs

Victoria le dit sans hésitation, les nouveaux entrepreneurs doivent aller de l’avant et se lancer, sans attendre d’avoir le parfait « timing », car celui-ci n’existe pas. Il leur faut défier les attentes de tous. Un autre conseil crucial qu’elle aimerait donner aux entrepreneurs, c’est d’écrire eux-mêmes leur plan d’affaires. Pour elle, c’est le seul moyen de s’approprier chacun de ses mots. En l’écrivant, ils auront à se questionner, à faire des recherches pour trouver des solutions, à se remettre en question, etc. Selon elle, quand les futurs entrepreneurs paient quelqu’un pour faire la rédaction de leurs plans d’affaires, ils ne font pas leurs devoirs.

Pour conclure, quand on lui demande ce dont elle est la plus fière dans sa carrière, Victoria répond que c’est du fait que malgré toutes les embûches rencontrées, elle a toujours continué à avancer. Elle est aussi très impliquée dans la promotion de l’entrepreneuriat. D’ailleurs, elle tient à préciser que les femmes ont la capacité et les habiletés pour se lancer en affaires, car gérer une entreprise ressemble beaucoup à gérer une famille. Il s’agit simplement d’appliquer ces connaissances à un autre domaine. Elle travaille dans l’industrie de la construction et pourtant, elle n’est pas née dans une famille d’entrepreneurs ou d’opérateurs de machinerie. Elle a tout de même réussi à faire son chemin dans cette industrie, ce qui démontre que d’autres femmes peuvent elles aussi le faire. Nous n’avons pas le moindre doute que dans les prochaines années, nous continuerons à entendre parler de cette entrepreneure persévérante et fonceuse!

Pour en savoir plus sur Wejuseg Construction et ses réalisations, nous vous invitons à visiter le site Web de l’entreprise au wejuseg.com.

Pour découvrir d’autres projets et initiatives menés par des femmes, nous vous invitons à visiter notre section entrepreneuriat féminin.

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